Rock & Folk (novembre 1982) – Interview réalisée par Thierry Chatain

Cette voix immense qui ressurgit épisodiquement du fin fond de l’oubli : celle de Joe Cocker, une fois encore ressuscité après tant de petites morts.

Joe Cocker n’a guère sorti en treize ans que neuf albums, pour à peu près autant de compilations ou de fonds de tiroirs, signe flagrant d’un potentiel qui ne s’est pas exprimé comme il aurait dû. Certes, ce n’est pas vraiment de sa faute. S’il avait pu éviter cette trajectoire en montagnes russes (pas mal de sommets artistiques et encore plus de creux personnels, souvent contemporains de ses pics vocaux), il ne s’en serait pas privé, Mais le bizness en a décidé autrement, transformant en deux temps-trois mouvements « l’une des quinze voix du rock » en un de ses losers en chef, et Dieu sait si la concurrence – involontaire – est rude en ce domaine. Même pas un beautiful loser avec ça, qui finirait pour de bon par décrocher la timbale (modèle Bob Seger). A moins bien sûr que Chris Blackwell parvienne à me faire mentir, ce que je souhaite de toutes mes forces. Wait and see…

N’empêche que le passé est assez désespérant. Prenez les intros des chroniques de ses disques dans cette revue au fil des Seventies, ça donne à peu près ceci : « Ce n’est pas un Joe Cocker au sommet de sa forme.  » (73) ; « A l’époque où commença le long enregistrement de ce disque à L.A., Joe donna quelques représentations publiques aussi discrètes que désastreuses. Il ne pouvait se tenir debout pendant plus de deux morceaux… » (74) ; « Sacré Joe, il a survécu. Et pourtant, ses amis ne se sont pas ménagés pour le noyer… » (75) ; « Régulièrement, une fois par mois, on trouve dans la presse spécialisée anglaise le compte-rendu d’un concert de Joe Cocker, quelque part aux USA. A chaque fois, c’est le même refrain, ce bon vieux Joe n’est plus qu’une épave, une loque humaine, on ne devrait pas le laisser monter sur une scène, il ferait mieux de faire une cure, etc. » (76); « Il est des sursauts de vie inespérés, et des morts qui se réveillent. » (78). On n’en est plus à une résurrection près, et rien n’indique que celle-ci soit la bonne. Le problème n’est pas vraiment qu’il parvienne à chanter ou même enregistrer de bons disques, il l’a presque toujours fait, ce serait plutôt qu’il se refasse une santé physique et mentale. Et là, tous ceux qui l’ont vu récemment indiquent qu’il n’en est rien. Joe reste envers et contre tout un maudit dont le don finit toujours par se retourner contre lui.

THE VOICE

Le don dont il est question, c’est bien entendu sa voix. The voice. Un fichu organe éraillé, râpeux comme un genou de pénitent noir après la semaine sainte, prodigieux vecteur de feeling tout cru. « Comme un Ray Charles branché directement sur la centrale », s’exclamait je ne sais plus qui il y a une dizaine d’années. Une voix de chanteur de blues, signe du destin, et qui ne s’exprime jamais mieux que sur tempo moyen, voire franchement lent. D’abord, il n’avait qu’à pas naître il y a près de quarante ans (le 20 mai 1944) avec un nom de clebs aux yeux tristes. Ça vous prédispose un bonhomme, ça. Et puis, cet organe miraculeusement préservé de la décrépitude qui caractérise le personnage depuis longtemps, il n’a eu que trop l’occasion de le payer cher. Comme s’il devait obéir à une fatalité qui veut que l’on doive compenser un don du ciel par les pires galères.

Sauf que là, la fatalité a un nom : le rock-bizness. Avec sa voix d’acier trempé. Joe a toujours représenté une cible de choix pour les requins de tout poil. Et ce d’autant plus qu’il ne possède que cela. Impossible pour lui de s’exprimer hors du médium de son organe. Quand il affirmait dans le film « Mad Dogs & Englishmen » : « Si je n’avais pas chanté, j’aurais vraisemblablement tué quelqu’un », cela ne sonnait que trop vrai. Bien que pour que l’on sache qu’il existe. Et il n’existe qu’à travers ses cordes vocales, c’est flagrant. Impossible de ne pas établir le rapport entre son jeu de scène « épileptique » (appellation contrôlée), avec ses mains qui s’agitent en griffant une guitare imaginaire, et le fait qu’il ne joue pas réellement d’un instrument. Voilà ce qui s’appelle extérioriser sa frustration. Et il est tout aussi incapable de composer, ce qui le « condamne » à puiser dans le répertoire des autres. Cela n’aurait rien d’une malédiction si cela ne l’avait pas conduit dans les bras de divers margoulins plus soucieux de leur propre sort que de celui du vieux Joe. Et là, il est impossible de ne pas mentionner Leon Russell. Encore que l’on ait écrit un peu n’importe quoi sur cet éminent représentant de la « maffia » de Tulsa, Oklahoma.

Ce trou du Sud a toujours, allez savoir pourquoi, donné au rock plus que sa part de musiciens. Mentionnons juste J.J. Cale, Carl Radle (bassiste décédé de Clapton), Dwight Twilley et Phil Seymour. Comme Tulsa n’a rien d’une capitale de l’enregistrement, la plupart de ces gens finissent par atterrir tôt ou tard à L.A. Ce qui a été le cas de Leon Russell dès la fin des Fifties. C’est ainsi qu’il a participé à pas mal de séances pour Phil Spector, et au « Mr Tambourine Man » des Byrds, avant de disparaître pour un temps de la circulation, bâtissant au passage son propre studio. Il repointe le bout de son nez en tant « qu’ami » de Delaney & Bonnie dont il est en fait le directeur musical occulte. En cette fin des Sixties, les superstars ont le blues. et la cure de jouvence quasi obligatoire consiste à faire un bout de route avec l’équipe informelle de Delaney & Bonnie qui joue un rock teinté de gospel sans se soucier du lendemain. C’est ainsi que Dave Mason, en rupture de Traffic, Clapton, qui a perdu la foi aveugle, et ment faible, victime désignée pour laisser un maximum de lui-même dans ce genre de plans. Evidemment, il est facile a posteriori de jeter la pierre à Russell, qui s’est assurément servi de Cocker comme d’une rampe de lancement à ses fins personnelles. Mais il est exagéré de dire qu’il a pratiquement fait exprès de le laisser pour mort: il l’a tout juste embringué dans un truc qui n’était pas fait pour lui, sans vraisemblablement s’apercevoir qu’il allait y laisser des plumes. Ce style de vie flamboyant (7) faisait partie de l’ordinaire du destin de rock-star, et hélas il n’est pas certain que ce soit complètement révolu. Glissons.

Suite à ces quarante jours de folie on the road, Joe va très mal, miné par les excès. Il commence par essayer de se remettre tant bien que mal en Californie, avant de flipper salement et de retourner dans le giron familial à Sheffield. Il faut attendre 1972 pour que sa carrière reparte, sous l’impulsion du fidèle Chris Stainton, qui lui rassemble un groupe ad hoc à mi-chemin du Grease Band et de Mad Dogs & Englishmen. Joe est en voix, mais il est en butte à toutes sortes d’ennuis pourtant évitables, comme s’il cherchait vraiment à expier on ne sait trop quelle faute. Par exemple, il doit verser 250.000 dollars à John Anthony avant de pouvoir partir en tournée, ayant oublié qu’il était toujours sous contrat avec lui, et s’étant trouvé un autre manager. En Australie, il trouve le moyen de se faire arrêter avec de la dope sur lui. Ce qui ne l’empêche pas de sortir un album plutôt réussi début 73, « Something To Say », avec une face live, et une face studio qui regroupe surtout des compositions de Chris Stainton dont il signe les textes, l’une des plus marquantes étant « High Time We Went ». Malheureusement, la collaboration avec Stainton, l’un des rares à ne pas penser qu’à l’exploiter, s’arrête la.

Le vieux Joe s’établit pour de bon à Los Angeles et tombe dans les bras de Jim Price, son trompettiste attitré depuis Mad Dogs. ll continue à se produire sporadiquement sur scène, dans des états de plus en plus proches du coma éthylique. Mais aussi à enregistrer régulièrement, en étant produit par Jim Price. Celui-ci l’entoure de prestigieuses « pointures » de studio du style Chuck Rainey, Richard Tee, Pretty Purdie ou Nicky Hopkins pour « I Can Stand A Little Rain » (1974) et « Jamaica Say You Will » (1975). Deux longs-jeux qui méritent mieux que le succès d’estime qui les accueille, bien qu’ils soient loin d’être parfaits, par la faute de Jim Price et ses arrangements mélo. Joe, lui, chante mieux que jamais, en particulier les morceaux de Randy Newman qu’il a lui-même choisis, « I Think lt’s Going To Rain Today » et « Guilty » (où il est juste accompagné au piano par Newman en personne). L’esprit du blues le plus ressenti souffle alors. Il souffle de façon encore plus convaincante sur « Stingray », cette fois produit par un certain Rob Fraboni, qui a compris que Joe serait mieux mis en valeur dans un contexte plus dépouillé. Il souffle encore en cette même année (76), mais pas pour les mêmes raisons, lorsque l’on voit Joe se produire dans le cadre du festival jazz-rockeux « Riviera 76 », au Castellet : il fait pitié, alcoolique pathétique incapable d’aligner deux notes cohérentes, alors qu’il a derrière lui les monstres de Stuff (et de « Stingray ») : Cornell Dupree, Steve Gadd, Gordon Edwards, Eric Gale et Richard Tee. Dans ces conditions, on ne s’étonne guère de le voir disparaître corps et biens une nouvelle fois, pour deux ans de traversée du désert.

George Harrison, en congé des Beatles, apparaissent en passagers.

Et Cocker ? On y vient, pas d’impatience. Après bon nombre d’années d’obscurité passées à chanter dans les pubs, sa carrière a démarré en flèche fin 68, avec une reprise du « With A Little Help From My Friends » (ironique, en vue de ce qui va suivre) des Beatles. A ses côtés, un vieux pote de Sheffield, Chris Stainton, organiste. Le reste de son groupe n’a pas voulu passer pro. Son producteur, Denny Cordell, auréolé du succès de Procol Harum, se charge de lui trouver des musiciens pour le premier album, et il n’obtient pas moins que Jimmy Page, Albert Lee et Steve Winwood, entre autres, éblouis par la voix de Joe. Pour la scène, il est accompagné par le Grease Band, qui comprend Stainton, l’excellent Henry McCullough (guitare), Alan Spenner (basse), actuel Roxy Musico, et Bruce Rowlands (batterie). C’est avec eux que Joe triomphe à Woodstock. Le hasard frappe à l’enregistrement du second album, éponyme. Cocker et le Grease Band ont flashé sur Delaney & Bonnie, et en particulier sur leur pianiste… Leon Russell qui, comme il se doit, se trouve dans le studio voisin des séances de Joe à L.A. Cela ne peut que déboucher sur une collaboration. Russell se retrouve bombardé coproducteur avec Denny Cordell, et Joe enregistre « Delta Lady », l’une de ses compositions. Sitôt sorti de studio, il doit repartir en tournée avec le Grease Band. Tournée qui le laisse épuisé.Joe est un pur, il ne sait que tout donner, sans rien garder pour le lendemain. Une première fois, il rentre à Sheffield se réfugier chez ses parents, à essayer de se refaire une santé.

FREAKY AND FUNKY

Lorsqu’il remet les pieds à L.A. en mars 1970, c’est avec l’intention de se reposer, et de mettre sur pied une tournée ricaine pour l’été. Seulement voilà, son manager, Dee Anthony, ne l’entend pas de cette oreille. Sans lui demander son avis, il a pris des engagements pour quarante dates, à commencer une semaine plus tard. Joe n’a pas d’autre solution que de s’en remettre à Leon Russell pour lui trouver des musicos et le sortir du mauvais pas où il se trouve. En un clin d’œil, Leon monte la troupe nombreuse et colorée, « freaky and funky » comme on disait alors, de Mad Dogs & Englishmen. Il lui suffit de battre le rappel de ses relations pour cela et la liste est impressionnante : Jim Gordon et Jim Keltner aux drums, Carl Radle à la basse, Jim Price et Bobby Keyes aux cuivres, Rita Coolidge (devenue sa belle-sœur au quatrième degré depuis), Claudia Lennear (pour qui les Stones ont écrit « Brown Sugar ») et Nicky Barclay (future Fanny) aux chœurs, et c’est loin d’être exhaustif. La tournée est filmée, un excellent double album en est tiré, c’était bien. Très bien, même. Sauf que tout ce joli monde passe son temps à être défoncé jus- qu’aux oreilles à tout ce qui lui passe à portée de bouche ou de naseau. Certains s’en sortent bien, merci pour eux, mais pas Joe. Le cas typique du brave type sympa, le cœur sur la main, mais désespéré.

Il en émerge, encore un peu plus déglingué qu’avant, à l’automne 1978, avec la sortie de « Luxury You Can Afford », un album produit par Allen Toussaint. S’il ne semble pas à l’aise dans le costard trois-pièces de la pochette, par contre il se sent comme un poisson dans l’eau en reprenant « Watching The River Flow » du révérend père Zimmy (Leon Russel jouait sur la version originale, tiens donc) ou « I Heard lt Through The Grapevine ». Il faut dire qu’il est entouré par tout ce que Muscle Shoals compte de musicos de calibre, et que ces gens-là sont aussi chaleureux que doués, et aussi que d’autres invités de prestige viennent lui montrer qu’iIs ne l’ont pas oublié, tels Rick Danko du Band ou Billy Preston. Enfin, Joe paraît s’être trouvé – mieux vaut tard que jamais – un manager avec qui il s’entend sans trop de problèmes, Michael Lang, l’organisateur de Woodstock (et de Riviera 76). Une fois de plus, on le croit remis en selle pour de bon, mais il n’en est rien. Les nouvelles se font de plus en plus sporadiques, les photos qui paraissent sont de plus en plus inquiétantes: à trente-sept ans, on pourrait lui en donner vingt de plus, il a tout du clochard pas céleste une thune. Asylum, sa maison de disques pour « Luxury You Can Afford », fait mentir son nom en ne lui offrant pas d’asile vinylique 2 pas assez de ventes. De là à le croire au bout du rouleau… Définitivement.

ISLAND

Et puis non, finalement. Après avoir encore touché le fond, il repart sur la route, en Europe, participant, entre autres, à une tournée « Woodstock revisité », avec la participation de Richie Havens, Country Joe et Arlo Guthrie. Tournée qui a une allure de dernière chance pour tous ces survivants des Sixties dont la carrière bat de l’aile. Etonnamment, il est celui qui s’en tire le mieux. Toujours pour la même raison : s’il est physiquement et mentalement usé avant l’âge, sa voix tient, peut-être plus prodigieuse encore qu’au premier jour. Et sa musique, blues et soul, n’est pas de celles qui se démodent. Il garde de cette aventure un souvenir mitigé: « Ça s’est fait un peu par hasard, Richie Havens venait en Europe, Arlo Guthrie et moi aussi, que qu’un a eu /’idée de nous réunir, un promoteur allemand, je crois, je ne pense pas que ce soit, Michael Lang. L’ambiance était sympa, mais je me souviens que lors d’une conférence de presse en Hollande nous nous sommes fait insulter, on nous accusait d’exploiter le passé. » Ce n’est qu’en mars 1981, cependant, qu’une maison de disques recommence à s’intéresser à lui: Island, en la personne de son patron, Chris Blackwell.

« J’ai reçu un message de mon management m’informant que Chris avait des vues sur moi. J’ai été voir. Il y avait un certain nombre de chansons que j’avais sélectionnées, Chris s’est vite aperçu que le mieux était de s’en servir. En général, j’e sais ce que je chante le mieux. On a enregistre’ six titres, et il y a eu un break, aux alentours de l’été 87. Chris devait s’occuper du premier film Island, « Countryman », et j’e crois aussi que la mort de Bob Marley a eu son importance, ça n’a pas donné envie à Chris de poursuivre la réalisation de l’album comme si de rien n’était. Avant de reprendre au début de l’année, j’ai mis en boite quelques morceaux sans Chris avec s’autres musiciens que ceux de « Sheffield Steel », Cornell Dupree et Chris Frantz de Talking Head en particulier. Quand Chris est revenu, il n’a pas aimé les titres que j’avais faits sans lui, je crois qu’ils ont été définitivement mis au rencart. C’est-à-dire qu’il tenait beaucoup à ce que je travaille avec la combinaison de musiciens de « Sheffield Steel ». Il faut que je m’explique : ce ne sont pas tous des musiciens de reggae, ils viennent d’horizons divers. Bien sur, Sly Dunbar, Robbie Shakespeare et Mikeru Chung sont jamaïcains, est un type du Lancashire, et Wally Badarou un Africain francophone. Il était clair d’entrée que ça ne devait pas être un album de reggae. Sly et Robbie savent s’adapter à l’artiste qu’ils accompagnent, pour moi ils ont joué avec une approche rhythm ‘n ‘blues.« 

Il est certain qu’a bien des points de vue. « Sheffield Steel » doit beaucoup à Blackwell, Joe n’en fait aucun mystère. « La pochette ? C’est une idée de Chris, je ne m’en suis pas occupé. Tant qu’on ne me demande pas de me déguiser en pingouin, comme pour « Luxury « … Le titre de l’album, c’est aussi lui qui l’a trouvé. Pareil pour les musiciens. » Certains d’entre eux surpren nent par leur présence, Adrian Belew par exemple. « Je ne le connaissais pas avant. C’est une des choses formidables à Compass Point où a été enregistré l’album, beaucoup de monde y passe, et chacun y est relax, prêt à donner un coup de main. Le seul inconvénient, c’est que l’air y est très humide, ça m’a cause’ quelques ennuis vocaux. Ça et le fait que je fume trop de cigarettes… Jimmy Cliff, par contre, ça fait une paye que je le connais, et cela fait des années que je voulais reprendre « Many Rivers To Cross « . Et comme il n’y a pas de choristes filles sur l’album – une idée de Chris encore, tout le monde s’attend un peu trop à ce qu’il y en ait sur ce que je fais, c’était bien pratique de pouvoir compter sur le falsetto de Jimmy.« 

Sly et Robbie étant des gens plus qu’occupés, il n’a pas été question un seul instant que les session-men de « Sheffield Steel  » prennent la route avec lui. Il n’a pas l’air de le regretter: « Cet enregistrement a provoqué un peu de déception dans mon groupe de scène, ils espéraient enregistrer avec moi  » Dans ce groupe, on trouve Spooner Oldham au piano, vétéran de Muscle Shoals, Larry Marshall à l’orgue, Cliff Woodwin à la guitare. Howie Hersch à la basse, et B.J. Wilson à la batterie, qui jouait déjà sur « Whith A Little Help From My Friends ». Une présence qui réconforte. Joe : « Nous sommes amis depuis plus de dix ans. Quand après la séparation de Procol Harum j’ai appris qu’il cherchait une place, j’ai sauté sur lui. Nous sommes des compagnons de voyages très proches, il a vécu une expérience similaire à la mienne avec Procol, et il se trouve que nous sommes les deux seuls Anglais du groupe, tout cela crée des liens. » Il y a en outre deux choristes derrière Joe, Maxine Green et Linda Laurence, une ancienne Suprême (post-Diana Ross). Evidemment, ce n’est pas Mad Dogs & Englishmen, mais ils soutiennent efficacement Joe sur scène, on ne leur en demande guère plus. La grande question qui se pose maintenant est : combien de temps Blackwell va-t-il supporter Cocker, aussi bien au sens anglais que français du mot ? Le plus longtemps possible, peut-on espérer, et pas par pur égoïsme, juste pour avoir d’autres albums aussi prenants que « Sheffield Steel ». Notre homme semble actuellement aussi heureux qu’il peut l’être, même s’il porte sur lui les stigmates de la déchéance. Tant que sa voix tient, nous, le public, sommes heureux. Avec un vague malaise devant ce bonhomme irrémédiablement cassé. Le blues, toujours.